Page:Mallarmé-Whistler - Le Ten O’Clock RI.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.





Voici quelque temps, l’écrivain sans attaches au beau s’est fait intermédiaire en cette chose de l’art, et son influence élargissant l’abîme entre le public et le peintre a amené le malentendu le plus complet, relativement à l’objet de la peinture.

Pour lui une peinture est plus ou moins l’hiéroglyphe ou le symbole d’une histoire. Dans le peu de termes techniques qu’il trouve l’occasion d’étaler, l’œuvre est par lui considérée absolument d’un point de vue littéraire ; en vérité, de quel autre le peut-il considérer ? Et dans ses critiques, il se comporte avec, comme vis-à-vis d’un roman — d’une histoire — ou d’une anecdote. Il manque entièrement et tout naturellement d’en voir l’excellence — ou le démérite — artistiques, et dégrade ainsi l’Art en y voyant une méthode pour aboutir à un effet littéraire.

L’Art entre ses mains, devient donc un moyen de perpétrer quelque chose au-delà et sa mission se fait secondaire, juste comme un moyen est inférieur au but.

Les pensées qu’il accentua, nobles ou autres, se rattachent inévitablement à l’incident, et deviennent plus ou moins nobles, en raison de l’éloquence ou de la qualité mentale de l’écrivain qui regarde, pendant ce temps, avec dédain, ce qu’il juge de « pure exécution » — quelque chose qui tient — il le croit — à l’entraînement des écoles et reste la récompense d’une assiduité. Si bien que, tandis qu’il poursuit sa traduction de la toile sur le papier, l’œuvre devient la sienne. Il trouve de la poésie là où il en sentirait si lui-