Page:Malherbe - Chefs d’œuvre lyriques, 1909.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
FRANÇOIS DE MALHERBE

Et quand j’aurai peint ton image,
Quiconque verra mon ouvrage
Avoûra que Fontainebleau,
Le Louvre, ni les Tuileries,
En leurs superbes galeries,
N’ont point un si riche tableau.

Apollon à portes ouvertes
Laisse indifféremment cueillir
Les belles feuilles toujours vertes
Qui gardent les noms de vieillir ;
Mais l’art d’en faire des couronnes
N’est pas su de toutes personnes ;
Et trois ou quatre seulement,
Au nombre desquels on me range,
Peuvent donner une louange
Qui demeure éternellement.


Chanson


ILS s’en vont ces rois de ma vie,
  Ces yeux, ces beaux yeux,
Dont l’éclat fait pâlir d’envie
  Ceux même des cieux.
 Dieux, amis de l’innocence,
 Qu’ai-je fait pour mériter
 Les ennuis où cette absence
  Me va précipiter ?

Elle s’en va cette merveille,
  Pour qui nuit et jour,
Quoi que la raison me conseille,
  Je brûle d’amour.
 Dieux, amis de l’innocence,