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FRANÇOIS DE MALHERBE

Redonne contre sa coutume
La grâce de la nouveauté.

Serre d’une étreinte si ferme
Le nœud de leurs chastes amours,
Que la seule mort soit le terme
Qui puisse en arrêter le cours.
Bénis les plaisirs de leur couche,
Et fais renaître de leur souche
Des scions si beaux et si verts,
Que de leur feuillage sans nombre
À jamais ils puissent faire ombre
Aux peuples de tout l’univers.

Surtout pour leur commune joie
Dévide aux ans de leur dauphin,
À longs filets d’or et de soie,
Un bonheur qui n’ait point de fin ;
Quelques vœux que fasse l’envie,
Conserve-leur sa chère vie ;
Et tiens par elle ensevelis
D’une bonace continue
Les aquilons, dont sa venue
A garanti les fleurs de lis.

Conduis-le sous leur assurance
Promptement jusques au sommet
De l’inévitable espérance
Que son enfance leur promet.
Et pour achever leurs journées,
Que les oracles ont bornées
Dedans le trône impérial,
Avant que le ciel les appelle.
Fais-leur ouïr cette nouvelle,
Qu’il a rasé l’Escurial.