Le roi vit, et les destinées
Lui gardent un nombre d’années
Qui fera maudire le sort
À ceux dont l’aveugle manie
Dresse des plans de tyrannie
Pour bâtir quand il sera mort.
Ô bienheureuse intelligence,
Puissance, quiconque tu sois,
Dont la fatale diligence
Préside à l’empire françois !
Toutes ces visibles merveilles
De soins, de peines et de veilles,
Qui jamais ne t’ont pu lasser,
N’ont-elles pas fait une histoire
Qu’en la plus ingrate mémoire
L’oubli ne saurait effacer ?
Ces archers aux casaques peintes
Ne peuvent pas n’être surpris,
Ayant à combattre les feintes
De tant d’infidèles esprits.
Leur présence n’est qu’une pompe :
Avecque peu d’art on les trompe.
Mais de quelle dextérité
Se peut déguiser une audace,
Qu’en l’âme aussitôt qu’en la face
Tu n’en lises la vérité ?
Grand démon d’éternelle marque,
Fais qu’il te souvienne toujours
Que tous nos maux en ce monarque
Ont leur refuge et leur secours ;
Et qu’arrivant l’heure prescrite,
Que le trépas, qui tout limite,
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FRANÇOIS DE MALHERBE
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