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FRANÇOIS DE MALHERBE


En ce fâcheux état ce qui nous réconforte,
C’est que la bonne cause est toujours la plus forte,
Et qu’un bras si puissant t’ayant pour son appui,
Quand la rébellion plus qu’une hydre féconde
Aurait pour le combattre assemblé tout le monde,
Tout le monde assemblé s’enfuirait devant lui.

Conforme donc, Seigneur, ta grâce à nos pensées ;
Ôte-nous ces objets qui des choses passées
Ramènent a nos yeux le triste souvenir ;
Et comme sa valeur, maîtresse de l’orage,
À nous donner la paix a montré son courage,
Fais luire sa prudence à nous l’entretenir.

Il n’a point son espoir au nombre des armées,
Étant bien assuré que ces vaines fumées
N’ajoutent que de l’ombre à nos obscurités.
L’aide qu’il veut avoir, c’est que tu le conseilles ;
Si tu le fais, Seigneur, il fera des merveilles,
Et vaincra nos souhaits par nos prospérités.

Les fuites des méchants, tant soient-elles secrètes,
Quand il les poursuivra, n’auront point de cachettes
Aux lieux les plus profonds ils seront éclairés ;
Il verra sans effet leur honte se produire,
Et rendra les desseins qu’ils feront pour lui nuire
Aussitôt confondus comme délibérés.

La rigueur de ses lois, après tant de licence,
Redonnera le cœur à la faible innocence,
Que dedans la misère on faisait envieillir.
À ceux qui l’oppressaient il ôtera l’audace ;
Et sans distinction de richesse ou de race,
Tous de peur de la peine auront peur de faillir.

La terreur de son nom rendra nos villes fortes,
On n’en gardera plus ni les murs ni les portes,