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NOTICE

avant, ni depuis, des vers n’ont été plus pleins de substance morale. Et si l’on se rappelle qu’alors Corneille avait déjà écrit les stances du Cid et celles de Polyeucte, on conviendra que le premier poète lyrique du XVIIe siècle, ce n’est pas Malherbe, c’est lui.



Il serait injuste de ne pas rapprocher de l’Imitation le livre trop oublié : Les Entretiens solitaires, de Guillaume de Brébeuf (1618-1661) un normand encore, célèbre en son temps par une traduction en vers de la Pharsale, mais dont les vers religieux, supérieurs encore à ses beaux vers épiques, atteignent parfois la sublimité de ceux de Corneille. Pour en entendre encore de cet accent et de cette largeur, au cours du siècle, il faudra ramener au jour quelques strophes presque inconnues du plus lyrique des prosateurs, de Jacques-Bénigne Bossuet lui même, (1627-1704) qui avait, à seize ans, prêché par jeu son premier sermon à l’Hôtel de Rambouillet, devant Voiture, en attendant qu’il prononçât à Notre-Dame, devant Louis XIV, l’oraison funèbre du Prince de Condé, cette ode en prose où « l’aigle de Meaux » a des coups d’ailes et des planements à la Pindare.



Quelques chansons, dans les divertissements de ses comédies, montrent que Molière faisait une part au lyrisme sur le théâtre. Hors de la scène, il ne nous appartient que par le sonnet émouvant écrit en 1664 à son ami La Mothe Le Vayer, qui venait de perdre son fils.



Jean Racine a sacrifié bien davantage à la Muse lyrique, et cela dès sa seizième année. Élève des « petites Écoles » jansénistes, il décrit le Paysage de Port-Royal en sept odes où se fait sentir l’influence de Théophile. Deux ans plus tard, à Chevreuse, où son cousin Vibert, intendant du Duc de Luynes, l’a envoyé pour surveiller les réparations du château, il rumine une pièce de théâtre et, lorsqu’il s’échappe jusqu’à Paris, en promet le rôle principal, tantôt à Mlle Roste, de