Ne crains point de montrer au jour
L’excès de l’ardeur qui te brûle ;
Ne sais-tu pas bien que l’amour
A fait un des travaux d’Hercule ?
Toujours les héros et les dieux
Ont eu quelques amours en tête ;
Et Jupiter, en mille lieux,
En a fait plaisamment la bête.
Achille, beau comme le jour,
Et vaillant comme son épée,
Pleura neuf mois pour son amour,
Comme un enfant pour sa poupée.
Ô Dieux ! que Renaud me plaisait !
Dieux ! qu’Armide avait bonne grâce !
Le Tasse s’en scandalisait,
Mais je suis serviteur au Tasse.
Et nos seigneurs les Amadis,
Dont la cour fut si triomphante
Et qui tant joutèrent jadis,
Furent-ils jamais sans infante ?
Grand duc, il n’y va rien du leur,
Et, je le dis sans flatterie,
Tu les surpasses en valeur,
Passe-les en galanterie.
Viens donc hardiment attaquer
Philis, comme tu fis Bavière ;
Tu la prendras sans y manquer,
Fût-elle mille fois plus fière.
Nous t’en verrons le possesseur,
Pour le moins selon l’apparence,