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TRISTAN L’HERMITE


Dans ce bois ni dans ces montagnes
Jamais chasseur ne vint encor ;
Si quelqu’un y sonne du cor,
C’est Diane avec ses compagnes.

Ce vieux chêne a des marques saintes ;
Sans doute qui le couperait
Le sang chaud en découlerait,
Et l’arbre pousserait des plaintes.

Ce rossignol, mélancolique
Du souvenir de son malheur,
Tâche de charmer sa douleur,
Mettant son histoire en musique.

Il reprend sa note première,
Pour chanter, d’un art sans pareil,
Sous ce rameau que le soleil
A doré d’un trait de lumière.

Sur ce frêne deux tourterelles
S’entretiennent de leurs tourments,
Et font les doux appointements
De leurs amoureuses quereller.

Un jour, Vénus avec Anchise
Parmi ces forts s’allait perdant,
Et deux Amours, en l’attendant,
Disputaient pour une cerise.

Dans toutes ces routes divines
Les nymphes dansent aux chansons,
Et donnent la grâce aux buissons
De porter des fleurs sans épines.

Jamais les vents ni le tonnerre,
N’ont troublé la paix de ces lieux,

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