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TRISTAN L’HERMITE

L’un pâlit de trop de respect,
L’autre rougit d’honnête honte.

Mais cette infante de mérite,
Dès cette première visite,
Lui lance des regards trop doux ;
Le Souci, qui brûle pour elle,
En même temps, en est jaloux ;
Ce qui fait naître une querelle.

On arme pour les deux cabales ;
On n’entend plus rien que timbales,
Que trompettes et que clairons ;
Car, avec tambour et trompette,
Les bourdons et les moucherons,
Sonnent la charge et la retraite.

Enfin, le Lis a la victoire ;
Il revient, couronné de gloire,
Attirant sur lui tous les yeux.
La Rose, qui s’en pâme d’aise,
Embrasse le victorieux,
Et le victorieux la baise.

De cette agréable entrevue,
L’Absinthe fait, avec la Rue,
Un discours de mauvaise odeur ;
Et la jeune Épine-vinette,
Qui prend parti pour la pudeur,
Y montre son humeur aigrette.

D’autre côté, Madame Ortie,
Qui veut être de la partie,
Avec son cousin le Chardon,
Vient citer une médisance
D’une jeune fleur de Melon
À qui l’on voit enfler la panse.

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