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MARIN LEROY DE GOMBERVILLE

Au Cardinal de Richelieu


PAR tes hautes vertus et tes faits héroïques
Tu changes le destin, les hommes et le temps ;
Et, malgré la rigueur des astres inconstants,
Tu détournes le cours des misères publiques.

Tu détruis l’espérance et les desseins tragiques
Dont l’Espagne nourrit ses orgueilleux Titans,
Tu fais par tes conseils vaincre nos combattants,
Et porte notre empire à ses bornes antiques.

Je l’avais bien pensé, que ces fameux mortels,
À qui le siècle d’or consacra des autels,
Dans nos siècles de fer n’auraient point de semblables ;

Mais, ô l’œil de la France et l’âme de ton roi,
Comparant à leurs faits tes faits inimitables,
Je vois que le temps seul les a mis devant toi.


Sur l’Exposition du Saint-Sacrement


TEL qu’aux jours de ta chair tu parus sur la terre,
Tel montre-toi, grand Dieu, dans ce siècle effronté,
Où des hommes, armés contre ta vérité,
Osent impunément te déclarer la guerre.

Tu t’ouvris un chemin au travers de la pierre,
Pour porter dans les cieux ton corps ressuscité ;
Romps cet autre tombeau, reprends ta majesté,
Et sors comme un soleil de cette urne de verre.

Illumine la terre aussi bien que les cieux,
En m’échauffant le cœur éclaire-moi les yeux ;
Et ne sépare plus ta clarté de ta flamme.

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