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L’ÉCOLE CLASSIQUE


L’Aurore déployait l’or de sa tresse blonde
Et semait de rubis le chemin du soleil ;
Enfin ce dieu venait, au plus grand appareil
Qu’il soit jamais venu pour éclairer le monde ;

Quand la jeune Philis, au visage riant,
Sortant de son palais plus clair que l’Orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.

Sacré flambeau du jour, n’en soyez pas jaloux ;
Vous parûtes alors aussi peu devant elle,
Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.


VINCENT VOITURE


Sonnets


DES portes du matin l’amante de Céphale
Ses roses épandait dans le milieu des airs,
Et jetait sur les cieux nouvellement ouverts
Ces traits d’or et d’azur qu’en naissant elle étale ;

Quand la nymphe divine, à mon repos fatale,
Apparut, et brilla de tant d’attraits divers
Qu’il semblait qu’elle seule éclairait l’univers,
Et remplissait de feux la rive orientale.

Le soleil, se hâtant pour la gloire des cieux,
Vint opposer sa flamme à l’éclat de ses yeux,
Et prit tous les rayons dont l’Olympe se dore ;

L’onde, la terre, et l’air s’allumaient alentour :
Mais auprès de Philis on le prit pour l’aurore,
Et l’on crut que Philis était l’astre du jour.

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