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L’ÉCOLE CLASSIQUE

  Quand notre commerce affaibli,
  Par toi puissamment rétabli,
Dans nos havres déserts ramena l’abondance ;
Et que, sur cent vaisseaux maîtrisant les dangers,
Ton nom seul aux Français redonna l’assurance
Et fit naître la crainte au cœur des étrangers.

  Ils chantent l’effroyable foudre
  Qui, d’un mouvement si soudain,
  Partit de ta puissante main
  Pour mettre Pignerol en poudre ;
  Ils disent que tes bataillons,
  Comme autant d’épais tourbillons.
Ébranlèrent ce roc jusque dans ses racines,
Que même le vaincu t’eut pour libérateur,
Et que tu lui bâtis, sur ses propres ruines,
Un rempart éternel contre l’usurpateur.

  Ils chantent nos courses guerrières,
  Qui, plus rapides que le vent.
  Nous ont acquis, en te suivant,
  La Meuse et le Rhin pour frontières ;
  Ils disent qu’au bruit de tes faits.
  Le Danube crut désormais
N’être pas, en son antre, assuré de nos armes ;
Qu’il redouta le joug, frémit dans ses roseaux,
Pleura de nos succès, et, grossi de ses larmes,
Plus vite vers l’Euxin précipita ses eaux.

  Ils chantent tes conseils utiles,
  Par qui, malgré l’art des méchants,
  La paix refleurit dans nos champs,
  Et la justice dans nos villes ;
  Ils disent que les Immortels
  De leur culte et de leurs autels

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