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L’ÉCOLE CLASSIQUE


Le cygne, joyeux de revoir
 Sa renaissante flamme,
De qui tout semble recevoir
 Chaque jour nouvelle âme,
Voudrait, pour chanter ce plaisir,
Que la Parque le vint saisir.

Le saumon, dont au renouveau,
 Thétis est dépourvue,
Nage doucement à fleur d’eau
 Pour jouir de sa vue,
Et montre au pêcheur indigent,
Ses riches écailles d’argent.

L’abeille, pour boire des pleurs,
 Sort de sa ruche aimée,
Et va sucer l’âme des fleurs
 Dont la plaine est semée ;
Puis de cet aliment du ciel,
Elle fait la cire et le miel.

Le gentil papillon la suit
 D’une aile trémoussante,
 Et, voyant le soleil qui luit,
Vole de plante en plante,
Pour les avertir que le jour
En ce climat est de retour.

Là, dans nos jardins embellis
 De mainte rare chose,
Il porte, de la part du lis,
 Un baiser à la rose,
Et semble, en messager discret,
Lui dire un amoureux secret.