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MARC-ANTOINE DE SAINT-AMAND


Mais, au contraire, les oiseaux
  Qui charment les oreilles
Accordent au doux bruit des eaux
 Leurs gorges non pareilles,
Célébrant les divins appas
Du grand astre qui suit tes pas.

La Lune, qui le voit venir,
 En est toute confuse ;
Sa lueur, prête à se ternir,
 À nos yeux se refuse,
Et son visage, à cet abord
Sent comme une espèce de mort.

Le voilà sur notre horizon,
 En sa pointe première.
Ô que l’Éthiope a raison
 D’adorer sa lumière !
Et qu’il doit priser la couleur
Qui lui vient de cette chaleur !

C’est le dieu sensible aux humains,
 C’est l’œil de la nature ;
Sans lui les œuvres de ses mains
 Naîtraient à l’aventure,
Ou plutôt on verrait périr,
Tout ce qu’on voit croître et fleurir.

Aussi pleine d’un saint respect,
 Quand le jour se rallume,
La Terre, à ce divin aspect,
 N’est qu’un autel qui fume,
Et qui pousse en haut comme encens,
Ses sacrifices innocents.