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THÉOPHILE DE VIAU

Et les Grâces dans un tableau,
Font plus de bruit que ton haleine.

Là, je soupire auprès de toi,
Et, considérant comme quoi
Ton œil si doucement repose,
Je m’écrie : Ô ciel ! peux-tu bien
Tirer d’une si belle chose
Un si cruel mal que le mien !


Les Nautonniers
Entrée de Ballet


LES Amours plus mignards à nos rames se lient ;
Les Tritons à l’envi nous viennent caresser ;
Les vents sont modérés, les vagues s’humilient
Par tous les lieux de l’onde où nous voulons passer.

Avec notre dessein va le cours des étoiles ;
L’orage ne fait point blêmir nos matelots ;
Et jamais alcyon sans regarder nos voiles
Ne commit sa nichée à la merci des flots.

Notre Océan est doux comme les eaux d’Euphrate ;
Le Pactole, le Tage, est moins riche que lui ;
Ici, jamais nocher ne craignit le pirate,
Ni d’un calme trop long ne ressentit l’ennui.

Sous un climat heureux, loin du bruit du tonnerre,
Nous passons à loisir nos jours délicieux,
Et, là, jamais notre œil ne désira la terre,
Ni sans quelque dédain ne regarda les cieux.

Agréables beautés, pour qui l’amour soupire,
Éprouvez avec nous un si joyeux destin,