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L’ÉCOLE CLASSIQUE

Font à la verdure place ;
Enfin le beau temps reluit
Et Philomèle, assurée
De la fureur de Térée,
Chante aux forêts jour et nuit.

Déjà les fleurs qui bourgeonnent
Rajeunissent les vergers ;
Tous les échos ne résonnent
Que de chansons de bergers ;
Les jeux, les ris et la danse
Sont partout en abondance ;
Les délices ont leur tour,
La tristesse se retire,
Et personne ne soupire,
S’il ne soupire d’amour.

Les moissons dorent les plaines,
Le ciel est tout de saphyrs,
Le murmure des fontaines
S’accorde au bruit des zéphyrs,
Les foudres et les tempêtes
Ne grondent plus sur nos têtes,
Ni des vents séditieux
Les insolentes colères
Ne poussent plus les galères
Des abîmes dans les cieux.

Ces belles fleurs que nature
Dans les campagnes produit
Brillent parmi la verdure,
Comme des astres la nuit ;
L’Aurore, qui dans son âme
Brûle d’une douce flamme,
Laissant au lit endormi
Son vieux mari, froid et pâle,