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FRANÇOIS MAYNARD


Ridicule abusé, je cherche du soutien
Au pays de la fraude, où l’on ne trouve rien
Que des pièges dorés et des malheurs célèbres.

Je me veux dérober aux injures du sort
Et, sous l’aimable horreur de vos belles ténèbres,
Donner toute mon âme aux pensers de la mort.


MON âme, il faut partir. Ma vigueur est passée.
  Mon dernier jour est dessus l’horizon.
Tu crains ta liberté. Quoi ? n’es-tu pas lassée
  D’avoir souffert soixante ans de prison ?

Tes désordres sont grands ; tes vertus sont petites,
  Parmi tes maux on trouve peu de bien ;
Mais si le bon Jésus te donne ses mérites,
  Espère tout et n’appréhende rien.

Mon âme, repens-toi d’avoir aimé le monde,
  Et de mes yeux fais la source d’une onde
Qui touche de pitié le monarque des rois.

  Que tu serais courageuse et ravie
Si j’avais soupiré, durant toute ma vie,
  Dans le désert, sous l’ombre de la croix !


MARQUIS DE RACAN


La Venue du Printemps


ENFIN, Termes, les ombrages
Reverdissent dans les bois ;
L’hiver et tous ses orages
Sont en prison pour neuf mois ;
Enfin la neige et la glace