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L’ÉCOLE CLASSIQUE

 Qu’on ne voudra pas laisser
 Ma vertu sans récompense ;

 Mais je t’ai donné les vœux
 D’une amour si peu commune,
 Que pour un de tes cheveux
 Je quitterais ma fortune.

 Si la foi dont je te sers
 Ne craignait d’être abusée,
 J’userais dans ces déserts
 Tout le fil de ma fusée…

 Quand est-ce que tu prétends
 De finis tes injustices ?
 Il me semble qu’il est temps
 De couronner mes services.

 Ne crains pas que la raison
 Désormais t’impute à blâme
 De hâter la guérison
 Des blessures de mon âme.

 Ma vie a déjà passé
 Ses plus belles matinées,
 Et ton front est menacé
 De l’injure des années.

 Ne considère plus rien ;
 Le devoir t’en sollicite.
 Un feu grand comme le mien
 N’est pas un petit mérite.

 Laisse-toi vaincre à mes pleurs,
 Et te ploie à mes demandes :
 Tandis que l’on a des fleurs,
 On doit faire des guirlandes.