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FRANÇOIS MAYNARD


 Ton esprit est merveilleux,
 Le mien en fait son oracle,
 Et notre âge est orgueilleux
 D’avoir produit ce miracle.

 Le soleil est un flambeau
 Où moins de lumière abonde :
 C’est le présent le plus beau
 Que le ciel ait fait au monde.

 Jeanne, tu parles si bien,
 Que mon âme en est ravie :
 Deux jours de ton entretien
 Valent deux siècles de vie.

 Tu m’as pris, et ton discours
 Est le piège qui m’engage.
 Le printemps n’a pas des jours
 Si fleuris que ton langage…

 Je pardonne à tes beautés
 L’orgueil qui les rend si vaines ;
 Tes regards font nos étés,
 Tes pieds font fleurir nos plaines.

 Tu fais que dans nos vallons
 On voit naître toutes choses,
 Et défends aux aquilons
 D’y faire tomber les roses.

 Quoi que fassent les hivers,
 Jamais la neige n’y dure,
 Et les arbres y sont verts
 D’une éternelle verdure…

 Souvent, pour se délasser,
 La Cour me lit, et je pense