Assez de leurs complots l’infidèle malice
A nourri le désordre et la sédition ;
Quitte le nom de Juste, ou fais voir ta justice
En leur punition.
Le centième décembre a les plaines ternies,
Et le centième avril les a peintes de fleurs,
Depuis que parmi nous leurs brutales manies
Ne causent que des pleurs.
Dans toutes les fureurs des siècles de nos pères,
Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien
Que l’inhumanité de ces cœurs de vipères
Ne renouvelle au tien ?
Par qui sont aujourd’hui tant de villes désertes,
Tant de grands bâtiments en masures changés,
Et de tant de chardons les campagnes couvertes,
Que par ces enragés ?
Les sceptres devant eux n’ont point de privilèges,
Les immortels eux-même en sont persécutés ;
Et c’est aux plus saints lieux que leurs mains sacrilèges
Font plus d’impiétés.
Marche, va les détruire, éteins-en la semence,
Et suis jusqu’à leur fin ton courroux généreux,
Sans jamais écouter ni pitié ni clémence
Qui te parle pour eux.
Ils ont beau vers le ciel leurs murailles accroître,
Beau d’un soin assidu travailler à leurs forts,
Et creuser leurs fossés jusqu’à faire paroître
Le jour entre les morts :
Laisse-les espérer, laisse-les entreprendre.
Il suffit que ta cause est la cause de Dieu,
Page:Malherbe - Chefs d’œuvre lyriques, 1909.djvu/104
Cette page a été validée par deux contributeurs.
FRANÇOIS DE MALHERBE