Banny des rives de Caïstre,
S’aille cacher dans le tombeau.
Venez donc, non pas habillées,
Comm’ on vous trouve quelquefois,
En jupes dessous les fueillées,
Dansant au silence des bois.
Venez en robes, où l’on voye
Dessus les ouvrages de soye
Les rayons d’or étinceller ;
Et chargez de perles vos testes,
Comme quand vous allez aux festes
Où les dieux vous font appeller.
Quand le sang, bouillant en mes veines,
Me donnoit de jeunes desirs,
Tantost vous souspiriez mes peines,
Tantost vous chantiez mes plaisirs ;
Mais aujourd’huy que mes années
Vers leur fin s’en vont terminées,
Sieroit-il bien à mes écris
D’ennuyer les races futures
Des ridicules avantures
D’un amoureux en cheveux gris ?
Non, vierges, non ; je me retire
De tous ces frivoles discours :
Ma Reine est un but à ma lyre
Plus juste que nulles amours ;
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ODE VIII