Que, si ton heur estoit pareil
À tes admirables merites,
Tu ferois dedans ses limites
Lever et coucher le soleil ?
Le soin qui reste à nos pensées,
Ô bel astre, c’est que tousjours
Nos felicitez commencées
Puissent continuer leur cours.
Tout nous rit, et nostre navire
A la bonace qu’il desire :
Mais, si quelque injure du sort
Provoquoit l’ire de Neptune,
Quel excez d’heureuse fortune
Nous garantiroit de la mort ?
Assez de funestes batailles
Et de carnages inhumains
Ont fait en nos propres entrailles
Rougir nos déloyales mains ;
Donne ordre que sous ton genie
Se termine cette manie,
Et que, las de perpetuer
Une si longue mal-vueillance,
Nous employions nostre vaillance
Ailleurs qu’à nous entre-tuer.
La Discorde aux crins de couleuvres,
Peste fatale aux potentats,
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ODE VI.