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STANCES

Penser au change leur est crime ;
Leurs paroles n’ont point de fart,
Et faire les choses sans art
Est l’art dont ils font plus d’estime.

Composez-vous sur eux, âmes belles et hautes ;
Retirez vostre humeur de l’infidelité ;
Lassez-vous d’abuser les jeunesses peu cautes,
Et de vous prévaloir de leur crédulité.
N’ayez jamais impression
Que d’une seule passion,
À quoy que l’espoir vous convie.
Bien aimer soit vostre vray bien,
Et, bien aimez, n’estimez rien
Si doux qu’une si douce vie.

On tient que ce plaisir est fertile de peines,
Et qu’un mauvais succez l’accompagne souvent ;
Mais n’est-ce pas la loy des fortunes humaines,
Qu’elles n’ont point de havre à l’abry de tout vent ?
Puis cela n’avient qu’aux amours
Où les désirs, comme vautours,
Se paissent de sales rapines :
Ce qui les forme les détruit ;
Celles que la vertu produit
Sont roses qui n’ont point d’épines.