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STANCES.


Le jeune demy-dieu qui pour elle soupire
De la fin du Couchant termine son empire
En la source du jour.
Elle va dans ses bras prendre part à sa gloire :
Quelle malice noire
Peut sans aveuglement condamner leur amour ?

Il est vray qu’elle est sage, il est vray qu’elle est belle,
Et nostre affection pour autre que pour elle
Ne peut mieux s’employer.
Aussi la nommons-nous la Pallas de cet âge ;
Mais que ne dit le Tage
De celle qu’en sa place il nous doit envoyer ?

Esprits mal avisez, qui blâmez un échange
Où se prend et se baille un ange pour un ange,
Jugez plus sainement.
Nostre grande bergere a Pan qui la conseille :
Seroit-ce pas merveille
Qu’un dessein qu’elle eust fait n’eust bon évenement ?

C’est en l’assemblement de ces couples celestes
Que, si nos maux passez ont laissé quelques restes,
Ils vont du tout finir.
Mopse, qui nous l’asseure, a le don de predire,
Et les chesnes d’Épire
Sçavent moins qu’il ne sçait des choses à venir.