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STANCES.


Toute ma peur est que l’absence
Ne luy donne quelque licence
De tourner ailleurs ses appas,
Et qu’estant, comme elle est, d’un sexe variable,
Ma foy, qu’en me voyant elle avoit agreable,
Ne luy soit contemptible en ne me voyant pas.

Amour a cela de Neptune,
Que tousjours à quelque infortune
Il se faut tenir preparé ;
Ses infidelles flots ne sont point sans orages :
Aux jours les plus sereins, on y fait des naufrages,
Et mesme dans le port on est mal assuré.

Peut-estre qu’à cette mesme heure
Que je languy, souspire et pleure,
De tristesse me consumant,
Elle, qui n’a soucy de moy, ny de mes larmes,
Estale ses beautez, fait montre de ses charmes,
Et met en ses filets quelque nouvel amant.

Tout beau, pensers melancoliques,
Auteurs d’avantures tragiques,
Dequoy m’osez-vous discourir ?
Impudents boute-feux de noise et de querelle,
Ne sçavez-vous pas bien que je brusle pour elle,
Et que me la blasmer, c’est me faire mourir !