Quelle neige a tant de blancheur
Que sa gorge ne la surmonte ?
Et quelle flamme luit aux cieux
Claire et nette comme ses yeux ?
Soit que de ses douces merveilles
Sa parole enchante les sens,
Soit que sa voix de ses accens
Frappe les coeurs par les oreilles,
A qui ne fait-elle advoüer
Qu’on ne la peut assez loüer ?
Tout ce que d’elle on me peut dire,
C’est que son trop chaste penser,
Ingrat à me recompenser,
Se mocquera de mon martyre :
Supplice qui jamais ne faut
Aux desirs qui volent trop haut.
Je l’accorde, il est veritable :
Je devois bien moins desirer ;
Mais mon humeur est d’aspirer
Où la gloire est indubitable.
Les dangers me sont des appas :
Un bien sans mal ne me plaist pas.
Je me rends donc sans resistance
A la mercy d’elle et du sort :
Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/142
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
STANCES.