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les Dieux qu’il avait jusqu’alors adorés. Désormais il étudiera ses prédécesseurs de plus près encore, mais ce sera pour les éplucher vers par vers, les déchirer, les soumettre au scalpel de l’analyse la plus méticuleuse, la plus acerbe, la plus impitoyable. Leurs incorrections, leurs fiertés juvéniles, leur élan désordonné, mais audacieux, il rejette tout, ne gardant que ce qui lui semble beau, correct et majestueux, pour l’enchâsser dans ses vers. Génie sans invention, il leur empruntera jusqu’à leurs rhythmes, mais il y cherchera la perfection et portera la langue à une correction jusqu’alors inconnue ; il lui imposera des formes sévères, élégantes, harmonieuses, mais trop souvent monotones, froides, pesantes et compassées à force de régularité.

Le premier spécimen de cette manière, qui a fait de lui un des maîtres de la langue, fut l’Ode présentée en 1601 à Marie de Médicis, pour sa bienvenue en France lorsqu’elle passait à Aix en Provence, où séjournait alors le poëte.

Peu de temps après il écrivit sa célèbre Consolation à Du Perrier ; mais il lui fallut sept ans pour l’amener au point où nous la voyons aujourd’hui, et les strophes qui sont dans la mémoire de chacun étaient tout autres dans la première édition. Quatre ans se passèrent encore avant qu’il fût appelé à la Cour. Sa réputation l’y avait toutefois précédé depuis longtemps.

« Son nom et son mérite, au dire de Racan, furent connus de Henri le Grand par le rapport avantageux que lui en fit M. le cardinal du Perron. Un jour, le