Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Leur camp, qui la Durance avoit presque tarie
                De bataillons épais,
Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
                Et demanda la paix.

De moi, dejà deux fois d’une pareille foudre
                Je me suis vu perclus ;
Et deux fois la raison m’a si bien fait resoudre
                Qu’il ne m’en souvient plus.

Non qu’il ne me soit grief que la tombe possede
                Ce qui me fut si cher;
Mais, en un accident qui n’a point de remede,
                Il n’en faut point chercher.

La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles.
                On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles,
                Et nous laisse crier.

Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre,
                Est sujet à ses loix,
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
                N’en défend point nos rois.

De murmurer contr'elle et perdre patience,
                Il est mal à propos :
Vouloir ce que Dieu veut est la seule science
                Qui nous met en repos.