quitta subitement, sans qu’on ait bien su pour quelle raison. Racan a mis en avant l’abjuration de son père, dont il aurait été vivement froissé, d’autres son aversion pour la magistrature. Quoi qu’il en soit, la raideur et la brusquerie de son caractère suffiraient à expliquer cet éloignement, qui se prolongea dix ans, jusqu’en 1586.
Pendant cet intervalle, il remplit les fonctions de secrétaire près de Henri d’Angoulême, fils naturel de Henri II, grand-prieur de France et gouverneur de Provence. La qualité de son protecteur ne l’empêcha point de se livrer à son penchant pour des amours trop faciles, jusqu’il l’âge de vingt-six ans où il conquit les bonnes grâces de Madeleine de Carriolis ou Corriolis, fille d’un président au parlement de Provence et déjà veuve de deux maris. Il l’épousa, mais sans rien apporter en mariage ; car il se vante lui-même de n’avoir pas reçu un liard de sa famille pendant ses dix ans d’absence.
Il eut de sa femme trois enfants, qui moururent avant leurs parents : 1o Henri, né en 1585 à Aix, mort à Caen en 1587 ; 2o Jourdaine, née en 1591 en Normandie, morte de la peste à Caen en 1599, et 3o Marc-Antoine, né à Aix en 1600, mort en 1626, et dont nous parlerons plus loin.
En 1586, Malherbe revint en Normandie. Sans doute ses dissentiments avec les siens avaient fini par se calmer, car ayant, sur ces entrefaites, perdu son protecteur Henri d’Angoulême, il résolut de rester à Caen et rappela sa femme auprès de lui.
Ce fut l’année suivante (1587) qu’il dédia au roi