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usage que parce qu’il sent confusément et juge faussement que Dieu n’est pas son bien, et qu’il cesse d’examiner les fausses raisons qui le portent à croire que les créatures, et non le Créateur, sont les causes de son bonheur. En un mot, il n’y a que la malice morale, ou le dérèglement de l’amour du pécheur à quoi Dieu n’a nulle part.

Dieu fait tout ce qu’il y a de réel dans les sentiments de la concupiscence et cependant il n’est point l’auteur de notre concupiscence (De la recherche de la vérité, livre I, ch. V)

Comme les difficultés qu’on fait sur la concupiscence ont beaucoup de rapport à celles que je viens d’expliquer, il est à propos que je montre ici que Dieu n’est point auteur de la concupiscence, quoiqu’il fasse tout, et qu’il n’y ait que lui qui produise en nous les plaisirs même sensibles.

On doit, ce me semble, demeurer d’accord, pour les raisons que j’ai données dans le cinquième chapitre du premier livre de la Recherche de la vérité, et ailleurs, que suivant les lois naturelles de l’union de l’âme et du corps, l’homme avant même son péché était porté par des plaisirs prévenants, à l’usage des biens sensibles, et que toutes les fois que certaines traces se formaient dans la partie principale de son cerveau, certaines pensées naissaient dans son esprit. Or ces lois étaient très justes pour les raisons rapportées dans ce même chapitre. Cela supposé, comme avant le péché toutes choses étaient parfaitement bien réglées, l’homme avait nécessairement ce pouvoir sur son corps, qu’il empêchait la formation de ces traces lorsqu’il le voulait, car l’ordre demande que l’esprit domine sur le corps. Or ce pouvoir de l’esprit de l’homme sur son corps, consistait précisément en