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en lui, et qu’en ce sens il a une véritable puissance (Cf. Réponses à Arnauld, vol. II, Réponse à la Dissertation sur les miracles de l'Ancien Testament). Mais il me paraît qu’il n’y a pas plus de réalité dans le consentement qu’on donne au bien que dans celui qu’on donne au mal, que celui qui est une suite d’un jugement vrai est droit, et que celui qui dépend d’un jugement faux est déréglé, et que la moralité de nos consentements se tire uniquement des objets. le repos de l’âme en Dieu est juste, car c’est le vrai bien, la vraie cause du bonheur. Ce même repos dans la créature est déréglé, parce que nulle créature n’est cause véritable du bonheur. Mais je ne vois pas que nos repos, réglés ou déréglés, qui nous rendent justes ou criminels, changent par eux-mêmes physiquement la substance de notre âme.

Il me paraît même qu’il y a contradiction, et qu’ainsi Dieu ne peut pas même donner à ses créatures de véritable puissance, ou les établir causes de quelque réalité physique. Car je crois qu’il est certain que la conservation n’est qu’une création continuée, puisque ce n’est que la même volonté de Dieu qui continue de vouloir ce qu’il a voulu, et c’est le sentiment commun des théologiens. Un corps, par exemple, existe, parce que Dieu veut qu’il soit, et il le veut ici ou ailleurs, car il ne peut le créer nulle part. Et, s’il le crée ici, peut-on concevoir qu’une créature l’en ôte et le mette ailleurs, si ce n’est que Dieu dans le même temps le veuille créer ailleurs, pour donner part de sa puissance à sa créature au sens qu’elle en est capable ? Mais, quand on supposerait que la chose serait possible, ou ne renfermerait point de contradiction métaphysique, car il n’y a que cela qui soit impossible à Dieu ; par quel principe de raison ou de religion peut-on diminuer la dépendance des créatures ? Mais je parlerai ailleurs (Eclaircissement XV, Entretiens sur la métaphysique, VII) de l’efficace prétendue des causes secondes. Je reviens à mon sujet.

je dis donc que cete action, ou plutôt cette impression ou