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notre mouvement pour le bien en général, mais d’une manière qui n’est point invincible puisque nous avons du mouvement pour aller plus loin. De sorte que tout ce que nous faisons, quand nous péchons, c’est que nous ne faisons pas tout ce que nous avons néanmoins le pouvoir de faire, à cause de l’impression naturelle que nous avons vers celui qui renferme tous les biens, laquelle impression nous donne ce pouvoir, car nous ne pouvons rien que par la puissance que nous recevons de notre union avec celui qui fait tout en nous. Et il me paraît évident que si nous ne désirions point d’être heureux, ou si nous n’avions point une impression pour le bien en général, nous serions incapables d’aimer aucun bien particulier. Or ce qui fait principalement que nous péchons, c’est qu’aimant mieux jouir qu’examiner, à cause du plaisir que nous sentons à jouir, et de la peine que nous trouvons à examiner, nous cessons de nous servir du mouvement qui nous est donné pour chercher le bien et pour l’examiner, et nous nous arrêtons dans la jouissance des choses dont nous devrions seulement faire usage. Mais, si l’on y prend garde de près, on verra qu’en cela il n’y a rien de réel de notre part, qu’un défaut ou une cessation d’examen ou de recherche, qui corrompt, pour ainsi dire, l’action de Dieu en nous, mais qui ne peut néanmoins la détruire. Ainsi, que faisons-nous quand nous ne péchons point ? Nous faisons alors tout ce que Dieu fait en nous, car nous ne bornons point à un bien particulier, ou plutôt à un faux bien, l’amour que Dieu nous imprime pour le vrai bien. Et quand nous péchons, que faisons-nous ? Rien. Nous aimons un faux bien, que Dieu ne nous fait point aimer