Page:Malebranche - Méditations métaphysiques et correspondance, 1841.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

inutilement. Je ne crois pas pouvoir vous dissuader de vos sentiments par de si courtes réponses à vos lettres, qui quoique longues et bien écrites ne révellent pas toujours dans mon esprit des idées claires. Ce que l’auteur ose appeler démonstration n’en a, selon ma pensée, que l’apparence extérieure et l’arrangement des propositions. Démontrar, proprement, c’est développer une idée claire et em déduire avec évidence ce que cette idée renferme nécessairement : et nous n’avons, ce me semble, d’idées assez claires, pour faire des démonstrations que celles de l’étendue et des nombres. L’âme même ne se connaît nullement : elle n’a que sentiment intérieur d’elle-même et de ses modifications. Étant finie elle peut encore moins connaître les attributs de l’infini. Comment donc faire sur cela des démonstrations? Pour moi je ne bâtis que sur les dogmes de la foi dans les choses qui la regardent, parce que je suis certain par mille raisons qu’ils sont solidement poses : et si j’ai découvert quelques vérités théologiques, je lê dois principalement à ces dogmes, sans lesquels je me serais égaré comme plusieurs autres quin e se sont assez défiés d’eux-mêmes. Je prie Jésus-Christ qui est notre sagesse et notre lumière, et sans lequel nous ne pouvons rien, qu’il vous découvre les vérités qui vous sont nécessaires pour vous conduire dans la voie qui conduit à la possession des vrais biens.