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idée, et non l’ideatum : et je suis persuade que l’idée a été une éternité sans ideatum. L’idée est éternelle infinie nécessaire et efficace même, car il n’ya que l’idée qui agisse sur les esprits, qui les éclaire et qui puísse les rendre heureux ou malheureux. Mais je ne vois point immédiatement l’ideatum. Je ne sais que par une espèce de révélation s’il y en a. En um mot, je puis concevoir qu’il n’y en a point. Car, prenez-y garde, mon esprit ne sent point immédiatement son propre [corps]; il ne lui est point immédiatement uni, mais à l’idée de son corps. Car l’expérience apprend qu’un manchot sent une main qui lui fait mal, e til n’a plus la sienne. C’est donc l’idée de as main qui l’afflige, et non l’ideatum. Quand je n’aurais point de corps, et qu’il n’y aurait rien de créé que mon âme, Dieu, par ses idées efficaces, pourrait donc me faire voir et sentir comme je vois et je sens. Il faut prover ou démontrer le contraire. [25] Si l’auteur était présent, il me dirait apparemment: « Il faut affirmer d’une chose ce que l’on conçoit être renfermé dans son idée. Or, l’idée de l’étendue est infinie, donc aussi l’ideatum.» Je lui répondrais : Le principe est vrai mais c’est supposé que l’ideatum existe, e til n’em prouve point l’existence. Si l’on voyait les objets em ex-mêmes, on ne pourrait les voir s’ils n’étaient pas : mais de ce qu’on voit les idées des choses, il ne s’ensuit pas