savoir couleur, chaleur, douleur, et si Dieu le voulait peut-être de cent mille autres : car il et certain, que les perceptions sensibles ne sont que des modifications de l'âme différentes de l'idée, ou de l'objet immédiat aperçu. Si donc je regarde ma main, j'en aurai la perception couleur; si je la regarde dans l'eau, j'en aurai la perception, froideur; et si, en même temps que je la regarde dans l'eau froide, j'ai la goutte, j'en aurai la modification ou perception, douleur. Ainsi, la même idée de ma main peut m'affecter en même temps4 de différentes perceptions : et à plus forte raison, c'est la même idée qui peut affecter Ariste, selon la réponse que lui fait Théodore, lorsqu'il en a de légères et indifférentes perceptions, ou qu'il en a de vives et intéressantes.
Il me paraît toujours que la cause des erreurs de l'auteur ce qu'il confond les idées des choses avec les choses mêmes, les idées qui seules peuvent affecter les intelligences avec les êtres qui ne peuvent agir sur l'esprit. Cependant, ce n'et pas notre propre corps même qui agit sur notre âme, mais l'idée de notre corps. Car la main qui fait mal à un manchot, lorsque l'origine des nerfs qui répondaient à sa main avant qu'on la lui eût coupée sont rudement ébranlés', n'et que la main idéale. Car sa main qu'il croit être celle qui lui donne la perception douleur n'est plus. Avant même qu'elle fût