Page:Malebranche - Méditations métaphysiques et correspondance, 1841.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme il m'affecte, je verrais comme je vois,; et je croirais que ce monde existe encore, puisque ce monde n'est point ce qui agit dans mon esprit. L'âme est une substance qui aperçoit mais elle n'aperçoit que ce qui la touche et la modifie, ce que le corps ne peut faire.

Je dis donc encore que l'auteur se trompe, parce qu'il prend l'idée du monde, le monde intelligible ou l'étendue intelligible, pour le monde; les idées pour les choses mêmes et qu'il croit que l'étendue du monde est éternelle nécessaire etc., parce que telle et l'étendue intelligible : fondé sur ce principe que vous rapportez, mal entendu par l'auteur' qu'on peut assurer d'une chose ce que l'on conçoit être renfermé dans son idée. Ce principe est vrai, parce que Dieu ne peut avoir créé les êtres que sur les idées qu'il en a, et que les idées que Dieu a sont les mêmes que les nôtres, quand elles sont nécessaires. Car il n'y aurait rien de certain si les idées que nous avons étaient différentes de celles de Dieu. Ce principe est vrai par rapport aux propriétés des êtres mais il n'est pas vrai par rapport à leur existence. Je puis conclure que la matière est divisible, parce que l'idée que j'en ai me la représente telle : mais je ne puis pas assurer qu'elle existe, quoique je ne puisse pas douter de l'existence de son idée. Car son idée est actuellement l'objet immédiat de mon esprit, et non la