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suppose ce qu'il doit prouver. Prenez la peine, monsieur, de relire les définition, etc., qu'il cite dans ses démonstrations, et vous découvrirez, si je ne me trompe, l'équivoque qui fait qu'il ne prouve pas. Pour moi, bien loin de trouver, en lisant son livre, la clarté que demande toute démonstration, je le trouve fort obscur et plein d'équivoque.

La principale cause des erreurs de cet auteur vient, ce me semble, de ce qu'il prend les idées des créatures pour les créatures mêmes, les idées des corps pour les corps, et qu'il suppose qu'on les voit en eux-mêmes : erreur grossière, comme vous savez. Car, étant convaincu intérieurement que l'idée de l'étendue est éternelle, nécessaire, infinie ; et supposant, d'ailleurs, la création impossible, il prend pour le monde ou l'étendue créée le monde intelligible qui est l'objet immédiat de l'esprit. Ainsi, il confond Dieu ou la souveraine Raison qui renferme les idées qui éclairent nos esprits, avec l'ouvrage que les idées représentent. Je ne puis pas, ici, m'expliquer plus au long ; car il n'est pas possible, sans perdre beaucoup de temps, et je n'en ai guère et la main me tremble, de philosopher par lettres, surtout lorsque les matières sont abstraites : en présence même, ou en dispute souvent assez longtemps sans s'entendre. Quoique je n'aie point ecrit ex professo contre l'auteur, vous pourriez peut-être trouver quelque éclaircissement sur vos difficultés