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d’un palais magnifique, en peut-on conclure l’existence de ce palais ?

Cette proposition est véritable : on peut affirmer d’une chose, ce que l’on conçoit clairement être renfermé dans l’idée de cette chose. La raison en est que les êtres sont nécessairement conformes aux idées de celui qui les a faits, et que l’on voit dans l’essence de celui qui les a créés, les mêmes idées sur lesquelles il les a créés. Car si nous les voyions ailleurs, ces idées, si nous les voyions par exemple chacun de nous dans les modifications de notre propre substance ; comme Dieu n’a pas fait le monde sur mes idées, mais sur les siennes, je ne pourrais pas affirmer d’aucun être ce que je verrais clairement être renfermé dans l’idée que j’en aurais. Mais de l’idée qu’on a des êtres, on ne peut conclure l’existence actuelle de ces êtres. De l’idée éternelle, nécessaire, infinie de l’étendue, on ne peut en conclure qu’il y a une autre étendue nécessaire, éternelle, infinie, on n’en peut pas même conclure qu’il y ait aucun corps. L’Être