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le moindre rapport entre la volonté de votre Dieu, et l’existence d’un fétu.

LE CHRÉTIEN : Eh bien qu’en voulez-vous conclure, que l’Être infiniment parfait ne peut pas créer un fétu ? Niez donc qu’il y ait un Être infiniment parfait : ou plutôt avouez qu’il y a bien des choses que ni vous ni moi ne pouvons comprendre. Mais de bonne foi concevez-vous clairement quelque rapport entre l’action de votre Ly, quelle qu’elle puisse être, ou entre sa volonté (si maintenant vous convenez qu’il ne fait rien sans le savoir et le vouloir faire), et le mouvement d’un fétu. Pour moi je vous avoue aussi mon ignorance : je ne vois nul rapport entre une volonté et le mouvement d’un corps. Le vrai Ly m’a formé deux yeux d’une structure merveilleuse, et proportionnée à l’a&ion de la lumière. Dès que je les ouvre, j’ai malgré moi diverses perceptions de divers objets, chacun d’une certaine grandeur, couleur, figure et le reste. Qui fait tout cela en moi et dans tous les hommes ? C’est