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qui arrivent dans les deux substances dont les hommes sont composés. Supposé seulement que Dieu ne nous donne pas toujours les mêmes perceptions, lorsque dans nos yeux ou dans notre cerveau il y a les mêmes impressions ; cela seul détruirait toutes les sociétés. Un père méconnaîtrait son enfant, et un ami son ami. On prendrait une pierre pour (lu pain’, et généralement tout sera dans une confusion effroyable. Ôtez la généralité des lois naturelles tout retombe dans un chaos où l’on ne connaît plus rien : car les volontés particulières du vrai Ly qui gouverne le monde nous sont entièrement inconnues. On croirait peut-être par exemple qu’en se jetant par la fenêtre on descendrait aussi sûrement de sa maison que par l’escalier, ou qu’en se confiant en Dieu dont la nature est bienfaisante, on marcherait sur les eaux sans se submergera. Ne jugez donc pas que le Ly agisse par une impétuosité aveugle à cause des maux qui vous arrivent. Il laisse à votre industrie éclairée