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pour ainsi dire, une infinité de néants, les néants de tout ce qu’elle n’est point. Mais dans l’Être infiniment parfait il n’y a point de néant. Notre Dieu est tout ce qu’il est partout où il est, et il est partout. Ne vous efforcez pas de comprendre comment cela est ainsi. Car vous êtes fini, et les attributs de l’infini ne seraient point ses attributs, si un esprit fini les pouvait comprendre. On peut démontrer que cela est ainsi : mais on ne peut pas expliquer comment cela est : on peut seulement prouver que cela doit être incompréhensible et inexplicable à tout esprit fini.

LE CHINOIS : Je conviens que l’idée que vous me donnez de votre Dieu, est la plus excellente de toutes, car il n’y a rien de plus grand que l’infini en toutes manières. Mais nous nions que cet infini existe. C’est une fiction, une imagination sans réalité.

LE CHRETIEN : Vous soutenez, et avec raison, qu’il n’y a qu’une souveraine règle et une souveraine vérité, qui éclaire tous les hommes, et qui met ce bel ordre dans l’univers. Si l’on vous disait