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nous éclaire immédiatement, et en qui nous découvrons tous les objets de nos connaissances, est infiniment parfait, et contient éminemment dans la simplicité parfaite de son essence, tout ce qu’il y a de vraie réalité dans tous les êtres finis.

Rendez justice au vrai Ly, en avouant de bonne foi qu’il est essentiellement juste ; puisque aimant nécessairement son essence, il aime aussi toutes choses à proportion qu’elles sont plus parfaites, puisqu’elles ne sont plus parfaites, que parce qu’elles y participent davantage. Dites aussi qu’il est la justice même, la loi éternelle, la règle invariable, puisque cette loi éternelle n’est que l’ordre immuable des perfections qu’il renferme dans l’infinité et la simplicité de son essence : ordre qui est la loi de Dieu même, et la règle de sa volonté et celle de toutes les volontés créées. Mais défiez-vous de vos abstractions, vaines subtilités de vos docteurs. Il n’y a point de ces formes ou de ces qualités abstraites. Toutes les qualités ne sont que des manières d’être de quelques substances.