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les hommes. Pourrions-nous voir en lui tout ce que nous y voyons, s’il n’en contenait éminemment la réalité ? Est-ce qu’on pourrait voir dans un plan, s’il était visible par lui-même, des solides qui n’y sont point ? N’est-il pas évident que ce qu’on voit immédiatement et directement n’est pas rien, et que voir rien et ne point voir c’est la même chose ? Comment trouveriez-vous dans votre Ly ces espaces infinis, j’entends ceux que votre esprit aperçoit immédiatement, et qu’il sait n’avoir point de bornes : car je ne parle pas de ces espaces matériels qu’on ne voit point en eux-mêmes, et par conséquent qu’on pourrait voir ou plutôt croire qu’on les voit, sans qu’ils fussent ; et auxquels cependant vous attribuez une existence éternelle qui ne convient certainement qu’à leur idée. Car l’idée de ces espaces où les espaces qui sont l’objet immédiat et direct de votre esprit, sont nécessaires et éternels ; puisque ce n’est que l’essence de l’Être infiniment parfait en tant que représentative des espaces, matériels. Dites donc comme nous, que le vrai Ly qui