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tantôt en conséquence de notre attention, et tantôt en conséquence des lois générales de l’union de l’âme et du corps. Il s’est réservé de nous instruire de ce qui a rapport à la vie future par son Verbe, qui s’est fait homme’, et qui nous a appris la religion que nous professons. Vous voyez donc qu’on ne rabaisse point la souveraine sagesse, le vrai Ly, en soutenant qu’il est sage ; puisqu’il est à lui-même sa sagesse et sa lumière, et la seule lumière de nos esprits. Mais si le Ly ne se connaissait pas lui-même, et ne savait ce qu’il fait ; s’il n’avait ni volonté ni liberté ; s’il faisait tout dans le monde par une impétuosité aveugle et nécessaire ; quelque excellents que fussent ses ouvrages, je ne vois pas que dans la dépendance où vous le mettez encore de la matière, il méritât les éloges que vous lui donnez.

LE CHINOIS : Je vois bien qu’il n’y a pas de contradiction que Dieu soit sage, et aussi la sagesse même de la manière que vous l’expliquez. Mais nous concevons encore notre Ly comme l’ordre immuable, la loi éternelle, la règle et la