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vouloir, et par conséquent créer ces êtres. Ainsi Dieu voit dans son essence infinie l’essence de tous les êtres finis, je veux dire l’idée ou l’archétype de tous ces êtres. Il voit aussi leur existence et toutes leurs manières d’exister par la connaissance qu’il a de ses propres volontés, puisque ce sont ses volontés qui leur donnent l’être. Ainsi l’Être infiniment parfait est à lui-même sa sagesse : il ne tire ses connaissances que de lui-même. Et s’il connaît la matière qu’il arrange avec tant d’art par rapport aux fins qu’il se propose, comme il paraît évidemment dans la construction des animaux et des plantes, il ne la connaît que parce qu’il l’a faite. Car si elle était éternelle, il n’en aurait pas formé tant d’ouvrages admirables, puisqu’il n’en aurait pas même la connaissance ; l’Être infiniment parfait ne pouvant tirer ses connaissances que de lui-même. Vous voyez donc comment Dieu est sage, et comment il est à lui-même sa sagesse.

Dieu est aussi notre sagesse et l’auteur de nos connaissances, parce que lui seul