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ne sont que des modifications particulières. Ils peuvent périr et changer ces arrangements : mais le Ly est éternel et immuable. Il subsiste donc en lui-même, non seulement indépendamment de la matière, mais indépendamment des intelligences les plus sublimes, qui reçoivent de lui l’excellence de leur nature et la sublimité de leurs connaissances.

Pourquoi donc rabaissez-vous le Ly, la souveraine sagesse, jusqu’à soutenir qu’elle ne peut subsister sans la matière. Mais encore un coup, quels étranges paradoxes s’il est vrai que vous les souteniez ! Votre Ly n’est point intelligent. Il est la souveraine sagesse, et il ne sait ni ce qu’il est ni ce qu’il fait. Il éclaire tous les hommes, il leur donne la sagesse et l’intelligence, et il n’est pas sage lui-même. Il arrange certainement les parties de la matière pour certaines fins : il place dans l’homme les yeux au haut de la tête, afin qu’il voie de plus loin, mais sans le savoir ni même sans le vouloir. Car il n’agit que par une impétuosité aveugle de sa nature bienfai santé. Voilà ce que j’ai ouï dire que vous pensiez de votre