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n’est point intelligent, et qu’il ne sait ni ce qu’il est, ni ce qu’il fait ? Cela nous fait juger que vous croyez que le Ly n’est que la figure et l’arrangement des corps car la figure et l’arrangement des corps ne peuvent subsister sans les corps mêmes, et manquent d’intelligence. La rondeur par exemple, d’un corps, n est assurément que le corps même de telle façon, et elle ne connaît point ce qu’elle est. Quand vous voyez un bel ouvrage, vous dites qu’il y a là bien du Ly. Si vous voulez dire par là que celui qui l’a composé, a été éclairé par le Ly, par la souveraine sagesse, vous penserez comme nous. Si vous voulez dire que l’idée qu’a l’ouvrier de son ouvrage, est dans le Ly, et que c’est cette idée qui a éclairé l’ouvrier, nous y consentirons. Mais qu’on brise l’ouvrage, l’idée qui éclaire l’ouvrier subsiste toujours. Le Ly ne subsiste donc pas dans l’arrangement des parties dont l’ouvrage est composé, ni par la même raison dans l’arrangement des parties du cerveau de l’ouvrier. Le Ly est une lumière commune à tous les hommes, et tous ces arrangements de matière