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les idées de toutes les choses qu’il a créées, et qu’il peut créer.

Vous dites que le Ly ne peut subsister que dans la matière. Est-ce que vous prétendez qu’il ne consiste que dans les diverses figures qu’ont les corps qui composent l’univers, et que le Ly n’est que l’ordre et l’arrangement qui esst entre eux ? Que votre Ly serait peu de chose s’il ne consistait qu’en cela. Et que la matière elle-même, la dernière et la plus méprisable des sub9tances serait au-dessus de ce Ly, dont vous dites cependant tant de merveilles. Car assurément la substance sut mieux que ses divers arrangements, ce qui ne périt point, que ce qui est périssable.

LE CHINOIS : Par le Ly nous n’entendons pas simplement l’arrangement de la matière, mais cette souveraine sagesse qui range dans un ordre merveilleux les parties de la matière.

LE CHRÉTIEN : En cela votre doctrine ce semblable à la nôtre. Mais pourquoi soutenez-vous que le Ly ne subsiste point en lui-même, et qu’il ne peut subsister que dans la matière : qu’il