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qu’il y a de réalité ou de perfection, comme je vous l’ai déjà et prouvé et expliqué, il peut en me touchant par ses réalités efficaces, car il n’y a rien en Dieu d’impuissant ; c’est-à-dire en me touchant par son essence, en tant que participable par tous les êtres, me découvrir ou me représenter tous les êtres. Je dis en me touchant, car quoique mon esprit soit capable de penser ou d’apercevoir, il ne peut apercevoir que ce qui le touche ou le modifie : et telle est sa grandeur, qu’il n’y a que son Créateur qui puisse agir immédiatement en lui. C’est dans le vrai Ly qu’est la vie des intelligences, la lumière qui les éclaire. Mais c’est ce que les hommes charnels et grossiers ne comprennent pas. Voilà pourquoi je dis que le vrai Ly est la souveraine vérité : c’est qu’il renferme dans son essence, en tant qu’imparfaitement imitable en une infinité de manières, les idées ou les archétypes de tous les êtres, et qu’il nous les découvre, ces idées. Otez les idées, vous ôtez les vérités, car il est évident que les vérités ne sont que les rapports qui sont entre les idées. Dieu est encore