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les yeux au milieu d’une campagne, sache exactement tout cela, puisque toutes nos perceptions ne sont réglées que par là. Ainsi la règle invariable de nos perceptions, est une géométrie ou optique parfaite : et leur cause occasionnelle ou naturelle est uniquement ce qui se passe dans nos yeux, et dans la situation et le mouvement de notre corps. Car par exemple, si je suis transporté d’un mouvement si uniforme, comme on l’est quelquefois dans un bateau, que je ne sente point ce mouvement, le rivage me paraîtra se mouvoir. De même si je regarde un objet au travers d’un verre convexe ou concave, qui augmente ou diminue l’image qui s’en trace dans l’œil, je le verrai toujours ou plus grand ou plus petit qu’il n’est : et quoique je sache d’ailleurs la grandeur de cet objet, je n’en aurai jamais de perception sensible, que proportionnée à l’image qui s’en forme dans les yeux. C’est que le Dieu que nous adorons, le Créateur de nos âmes et de nos corps, pour unir ensemble ces deux substances, dont l’homme est composé, s’est fait une